En 1979, dans des conditions distinctes, naissent deux films examinant le « geste » agricole. D’abord Les Moissons du ciel de Terrence Malick, alors réalisateur et scénariste montant du Nouvel Hollywood, puis Cochon qui s’en dédit, ou la thèse de doctorat de Jean-Louis Le Tacon, étudiant en ethnographie visuelle à Paris X sous la direction de Jean Rouch. Deux films s’inscrivant sur des territoires différents, le continent américain et sa nouvelle puissance économique, terrain « vierge » pour de nouveaux récits, et la campagne française, espace plus ancien, déjà informé par les cultures humaines.
Chacun de ces films essaie de traduire visuellement un rapport au sol spécifique par un filmage consciencieux des gestes quotidiens des travailleurs de la terre, du lever au coucher du soleil. Car les plans de champs de blé à « l’heure magique » qui ont fait la réputation de Malick ne sont pas qu’une coquetterie mais le reflet du rythme de vie des moissonneurs. Le cinéaste a toujours inscrit l’homme dans son milieu, travaillant le déterminisme de figures féminines et masculines à travers leur rapport au territoire américain. Dans Les Moissons du ciel, « le champ est un espace d’amour et de conflit »1MATHIS Alexandre, Terrence Malick et l’Amérique, Paris, Playlist Society, 2015, p. 32, catalyseur des tensions entre classes sociales et témoin de leurs conséquences. Dans les deux films, « la nature […] est encore vivace, mais perforée, comme brisée »2Ibid., p. 67 car les hommes marquent les champs de leur culture et de leur violence. Cependant, étant intrinsèquement liés à cette terre nourricière, ils seront les premiers à sentir les conséquences de cette surexploitation, qui ne fait que commencer.
En éprouvant le corps de l’acteur, comme du spectateur, à travers des gestes répétés jusqu’à l’aliénation ou l’hallucination, ces films montrent aussi comment la terre est en prise avec la volonté irrépressible de l’homme de tout dominer. Cependant, des débuts de l’industrialisation à l’élevage intensif, le labeur agricole épuise les corps et les esprits jusqu’à leur mort, tandis que la terre, malgré ses blessures, reste éternelle.
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