Nowa książka / Dans la peau de John Malkovich

Esthétiquement différents, le long-métrage de Spike Jonze et le court-métrage de Zbigniew Rybczyński proposent tous deux une réflexion sur la multiplicité des points de vue développés par les personnages, les films, ou le public, sur un événement, une situation, ou une expérience commune. Ils questionnent aussi la façon dont les films tissent et entremêlent ces points de vue tout en brouillant les repères hiérarchiques d’enchâssement et d’intrigues secondaires.

Nowa książka traite de l’objectivité de la caméra à travers le split-screen de neuf écrans simultanés. Le public reste bien libre de créer son propre point de vue et finalement son propre film, en restant tout de même contraint par les limites du récit et de la mise en scène. Dans la peau de John Malkovich convoque lui la subjectivité du regard. Les personnages désirent utiliser pour des raisons propres à chacun le corps du célèbre acteur. En contre-champ du quotidien idéalisé de la star à notoriété mondiale, cette expérience transforme ce dernier en réceptacle vide permettant d’y vivre ses fantasmes et fait de lui une véritable marionnette vivante. 

« Dis-moi Craig, pourquoi aimes-tu les marionnettes ? » demande Maxine au protagoniste de Dans la peau de John Malkovitch. Craig répond : « Peut-être l’idée de devenir quelqu’un d’autre pendant un instant. Être dans une autre peau, penser différemment, bouger différemment, se sentir différemment. » Les deux films proposent d’effleurer le rêve de Craig partagé sans doute par beaucoup de spectateurs et spectatrices, celui de varier les points de vue. 

Inès Leenhardt