Résistance | |
2017 – Suisse | |
11' – Couleur - Sonore | |
Réalisation | Laurence Favre |
Son | Guillaume de Morsier |
Sound design et mixage | Philippe Ciompi |
Le Bouton de nacre - El botón de nácar | |
2015 – Chili, Espagne, France | |
82' – 1.85:1 - Couleur / N&B | |
Réalisation | Patricio Guzmán |
Scénario | Patricio Guzmán |
Musique | Miranda & Tobar, Hugues Maréchal |
Image | Katell Dijan |
Fiche IMDB | https://www.imdb.com/title/tt4377864 |
Projection Cinéclub | 27/03/2024 |
Tombant de la feuillée après l’orage, il est des gouttes qui clignotent ainsi et qui font trembler la lumière et le miroir des eaux. À les voir, on les entend frémir. Gaston Bachelard.1L’Eau et les rêves, Paris, Librairie José Corti, 1998 (1942), p. 212
Que nous disent les éléments qui, alors même qu’ils semblent statiques, immuables, se meuvent continuellement ? Goutte par goutte, avec fragilité, l’eau montre une dynamique au long cours. En gaz, en liquide, en glace, elle se déploie et s’allie, ou pas, aux êtres humains qui la fréquentent. Mais, surtout, comme nous le montrent les cinéastes Laurence Favre et Patricio Guzmán, l’eau est signe. Signe des bouleversements climatiques ; son absence et ses changements d’état nous alertent. Signe des bouleversements humains, des tensions dont elle est un témoin et un révélateur.
Filmant le glacier d’Aletsch dans les Alpes suisses, Laurence Favre montre un état du lieu changeant, irrémédiablement, à mesure que se font entendre les mouvements de l’eau, pulsations des profondeurs, manifestations sonores de remuements naturels, mais également humains.
Patricio Guzmán propose, quant à lui, un portrait du Chili néolibéral contemporain, dont les violences passées du pouvoir – qu’elles soient coloniales contre les Indiens, chassés, marginalisés, oubliés, ou dictatoriales contre les ennemis déclarés d’Augusto Pinochet, emprisonnés, torturés, assassinés – ressurgissent par la présence de l’eau, dans laquelle traditions et espoirs ont été engloutis. L’eau est mémoire ; écouter et chanter la première, c’est retrouver la seconde.
Deux films qui se proposent donc de donner une voix aux êtres anonymes, aux témoins des mouvements du temps. Deux films sur la fragilité des choses. L’eau, par sa présence ou son absence, par son organicité visuelle ou sonore, révèle les dynamiques globales et locales. D’un paysage passivement bouleversé par l’action humaine à l’histoire douloureuse d’un pays entier.
« Et pourtant il résiste ».2Laurence Favre, « Résistance », site internet personnel, 2023
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