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Son nom de Venis dans Calcutta désert
1976 – France
114' – Couleur - Mono – 35mm
RéalisationMarguerite Duras
ScénarioMarguerite Duras
MusiqueCarlos d’Alessio
ImageBruno Nuytten
AvecDelphine Seyrig, Michael Lonsdale, Nicole Hiss, Sylvie Nuytten, Marie-Pierre Thiébaut
Fiche IMDBhttps://www.imdb.com/title/tt0075243
Je vous salue, Sarajevo
1993 – France
2' – Couleur - Sonore
RéalisationJean-Luc Godard
ScénarioJean-Luc Godard
MusiqueArvo Pärt
Avec (voix)Jean-Luc Godard
Projection Cinéclub

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Son nom de Venise dans Calcutta désert / Je vous salue, Sarajevo

sans corps, des voix errantes 

En 1979, Marguerite Duras rencontre Jean-Luc Godard dans une cour d’école de Lausanne. Ils discutent, notamment, de cinéma. Duras écrira plus tard : « Il semblerait qu’on ait eu jusqu’ici des problèmes inverses lui et moi dans le cinéma, surtout dans le rapport texte image »1Marguerite Duras, Les yeux verts, Paris, Éditions de l’Étoile, coll. Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma, 1996 (1987), p. 38. Partageant des questionnements similaires et un rapport fort à la matérialité du cinéma (image, son et montage), ils cherchent aussi à rendre un texte et des idées, des sentiments et des images, par la voix.

Son nom de Venise dans Calcutta désert (1976) naît du trouble de Duras après la sortie d’India Song en 1975, dont la transcription littéraire lui a laissé un goût d’inachevé2Maurice Blanchot, Marguerite Duras, Pierre Fedida et al., Marguerite Duras, Paris, Éditions Albatros, coll. ça/cinéma, 1988 (1979), p. 93. Reprenant strictement la même bande-son que pour ce premier film, elle tourne de nouvelles images dépeuplées, sans acteurs. Naît alors une recomposition du récit initial, qui change le rapport son-image, obligeant les spectateurs à se raccrocher aux voix, aux bruits, pour appréhender l’histoire (une histoire) et se la représenter.

Godard part quant à lui d’une photographie de Ron Haviv prise en 1992, durant la guerre en Yougoslavie. Grâce à la voix qui discourt, en même temps que le cinéma se déploie par le cadrage et le montage, Godard charge cette seule photographie de nombreuses références culturelles qui sont autant d’images suggérées.

Le film est un seuil où des images et des bruits sans syncrétisme, a priori sans lien direct, trouvent un sens commun, un supplément, une émotion. C’est ce que Michel Chion nomme la « parole errante », désignant ce rapport volontairement latent entre voix et image3Michel Chion, L’Audio-vision : son et image au cinéma, Paris, Armand Colin, 2017 (1990), p. 166.

Les voix ne sont pas simplement off, elles sont une réalité à part entière qu’il s’agit d’écouter pour bien saisir le but qu’on leur a donné, confrontées aux images dont ils provoquent la superposition. Les unes devant les yeux, palpables, les autres derrière, évanescentes, par la voix qui fait advenir les représentations. Nous voyons ce qui est projeté, et ce qui est dit. Un livre associé à Dostoïevski, un cri attribué à un corps lointain. Et il faut bien écouter les films pour que naissent les images tierces, intimes, grâce au cinéma.

Antoine Picard 
Son nom de Venise dans Calcutta désert / Je vous salue, Sarajevo
  • 1
    Marguerite Duras, Les yeux verts, Paris, Éditions de l’Étoile, coll. Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma, 1996 (1987), p. 38
  • 2
    Maurice Blanchot, Marguerite Duras, Pierre Fedida et al., Marguerite Duras, Paris, Éditions Albatros, coll. ça/cinéma, 1988 (1979), p. 93
  • 3
    Michel Chion, L’Audio-vision : son et image au cinéma, Paris, Armand Colin, 2017 (1990), p. 166
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