2009 – USA / Allemagne | |
126' – 2,35:1 - Couleur - SDDS / DTS / Dolby Digital / Sonics-DDP (IMAX) - 35mm / 70mm (IMAX) / DCP | |
Réalisation | J.J. Abrams |
Scénario | Roberto Orci, Alex Kurtzman |
Musique | Michael Giacchino |
Image | Daniel Mindel |
Montage | Maryann Brandon, Mary Jo Markey |
Production | J.J. Abrams, Damon Lindelof |
Avec | Chris Pine, Zachary Quinto, Zoe Saldana, Karl Urban, Eric Bana... |
Fiche IMDB | http://www.imdb.com/title/tt0796366 |
La guerre des étoiles de J.J. Abrams
Quarante-deux ans et toutes ses dents, le réalisateur Jeffrey Jacob Abrams semble être un cinéaste de talent qui découvre ses dons au fur et à mesure des projets qu’il mène sur le grand écran. Après être entré dans le Guiness des records avec le plus gros budget pour un premier film avec la direction du troisième volet de la série Mission : Impossible, le « jeune » metteur en scène s’est vu lancé un défi de taille. Alors qu’elle semblait s’enliser dans l’échec commercial de ses derniers opus cinématographiques, la mythique saga Star Trek se voit relancée en 2009, retournant à ses origines avec un long métrage qui s’annonce comme l’un des films de science-fiction les plus mémorables de l’histoire du cinéma.
Dans un avenir lointain dans l’état d’Iowa, James T. Kirk est un jeune homme vivant complètement à contre-courant avant que le passé de son père mort en héros ne finisse par le rattraper. Né de l’amour entre une humaine et un vulcain, le jeune Spock refuse toute critique infériorisant sa mère et révèle ses sentiments, contrairement à toute la logique, valeur première de la race des vulcains. S’engageant dans Starfleet, les deux hommes que tout oppose se verront confier une mission des plus périlleuses pour leur baptême du feu : aux commandes de l’Enterprise, ils devront stopper la quête vengeresse de Nero, un romulien avide de destruction mais dont les motivations restent encore obscures.
Si le nom de J.J. Abrams ne vous dit rien, ne vous inquiétez pas. Cet enfant de la télé est rapidement devenu l’un des hommes les plus influents dans la production audiovisuelle américaine de ces cinq dernières années. Son flair le conduisit tout d’abord au franc succès des séries télévisées Alias et Lost et lui fit gagner la notoriété internationale qu’il connaît aujourd’hui. S’essayant à la réalisation d’un long métrage avec M:I-III (2006), Abrams fut aussi très remarqué en tant que producteur de l’énigmatique Cloverfield (2008). Mais plus que cela, il est surtout passé maître dans l’art de la promotion ingénieuse et bien pensée. En fin tacticien en marketing, il s’offre toutes les opportunités que permet chaque médium et nouvelle technologie pour communiquer avec son public, qui se retrouve littéralement conquit avant même que le film ne sorte en salles. A cela s’est nourrit la crainte, à moitié soulagée d’une mise en scène plutôt réussie sur son premier film, concernant son réel talent de cinéaste que l’on voudrait lui vouer, mais dont il pourrait ne s’agir que des artifices du roi des charlatans de l’auto-promo ?
Mais dès la première scène, tous les doutes s’effacent comme par enchantement. Il est clair et net que nous arrivons à l’aube d’une nouvelle ère de la science-fiction telle que nous la percevions auparavant au cinéma. Les longs plans vertigineux flottants librement dans l’espace, plongés dans le silence le plus glacial, y laissant gracieusement virevolter les vaisseaux dans un ballet de lasers et de feu sont de véritables odes à l’aventure et au grand spectacle d’une qualité plastique à toute épreuve. Des couleurs chaudes des soleils que nous côtoyons dans certains de ces tableaux de maître, J.J. Abrams parvient à faire s’exprimer l’implacable froideur qui réside dans l’immensité obscure qui s’étend au-delà des étoiles. Mais de cette reconnaissance formelle au 2001 de Stanley Kubrick (1968), ce Star Trek s’apparente plus au divertissement qui ravira autant les jeunes que les moins jeunes, faisant écho au fantastique plan séquence en préambule du Star Wars Episode III – La Revanche des Sith (2005) d’un George Lucas qui a du souci à se faire de l’émergence d’une telle concurrence. A l’écran : l’USS Kelvin, si imposant au premier plan, se retrouve soudain minuscule dans l’image, happé par le mystérieux vaisseau tentaculaire de Nero, apparaissant tel un gargantuesque kraken de l’espace surgissant des profondeurs abyssales d’un trou noir. Cette scène d’ouverture aux dimensions décuplées est un feu d’artifice introductif extraordinaire dont les effets visuels créés par la société ILM sont un ravissement pour nos yeux de chaque instant.
De cette séquence d’action à couper le souffle, nous entrons dans le vif du sujet, soit l’histoire de James Tiberius Kirk, futur capitaine de l’Enterprise et symbole de la saga Star Trek, tenu à l’époque sous les traits de William Shatner. Bien que l’histoire semble sans surprises pour les initiés, l’un des plus gros challenge pour J.J. Abrams sur ce reboot était de pousser une nouvelle génération à découvrir ce vaste univers, longtemps rebuté en France et dont les fans étaient montrés du doigt, suivis de ricanements désobligeants à l’encontre de ces amateurs d’oreilles taillées en pointes. Loin de s’embourber en références multiples spécifiques comme ce fut le cas pour la plus récente trilogie Star Wars, l’obstacle le plus ardu pour le film semble surmonté par le metteur en scène avec une aisance déconcertante. Les profanes ne sont donc pas délaissés et profitent autant de ce long métrage que les aficionados à retrouver leur série préférée, non plus comme un plaisir coupable mais cette fois partagé agréablement par tous. Nous retrouvons James T. Kirk opposé au fameux Spock, tous deux interprétés par des inconnus au cinéma. Matt Damon longtemps pensé pour le rôle, c’est finalement le fougueux Chris Pine qui obtient avec mérite le rôle du capitaine de l’Enterprise. De son côté, Zachary Quinto qui se révéla dans la série télévisée Heroes reprend le rôle du vulcanien, collant à la peau du désormais célèbre Leonard Nimoy. Nous assistons avec intérêt aux forfaits de l’un et aux classes de l’autre qui les conduiront à l’académie de Starfleet, la fédération galactique des planètes alliées à la race humaine. On regrette cependant que le récit ne se soit pas plus attardé sur les intentions de chacun des deux protagonistes principaux. Bien que l’on entrevoie leur mission respective, il est dommage que certaines pistes de réflexion se perdent trop vite dans la densité scénaristique du métrage.
Autour de ce duel au sommet s’agrège un certain nombre de personnages secondaires qui composent l’équipage de l’Enterprise. Un risque supplémentaire pour la bonne tenue de la trame avec cette multiplicité de protagonistes s’accumulant sur le pont de commandement. Au contraire, entre Leonard McCoy, le capitaine Pike, la belle Uhura, le pilote Sulu et jeune Pavel Tchekov, on a pourtant du mal à se perdre tellement la fluidité du récit est exemplaire à ce niveau. Leur intervention dans le cours des évènements n’est pas grossière ou intempestive et nous découvrons avec joie chacun de ces héros en herbe aux aptitudes atypiques. A ceci près que le film parvient à restituer cette image éternellement inavouable pour l’Amérique en guerre d’une jeunesse heureuse sacrifiée comme dans la plupart des films où des jeunes soldats partent pour le front. A ce pimpant groupe d’acteurs prometteurs s’en ajoutent d’autres plus expérimentés comme Bruce Greenwood, Winona Ryder ou encore Eric Bana méconnaissable, interprétant le terrible Nero. Devant nos yeux, ce Star Trek organise une complète métamorphose son environnement. Au-delà de casting des plus harmonieux, l’histoire paraît incomplète et se présente plutôt en prologue d’une structure plus importante. Des connaisseurs, des changements profonds de l’univers créé par Gene Roddenberry risquent de les faire bondir sur leur siège. Pour les autres, il s’agira de profiter d’un divertissement haut en couleurs et en humour intelligent, où Simon Pegg renoue avec son style so british pour notre plus grand bonheur, alors que d’autres auraient préféré que le récit se concentre sur les notes plus sombres des thèmes du génocide ou de la vendetta personnelle rattachée au romulien vengeur de cet épisode. Avis aux fans et intéressés : si vous n’êtes déjà pas au courant, le casting du film vous réserve une surprise de taille.
Passé le cadre scénaristique, ce sont les qualités de metteur en scène de J.J. Abrams qui surgissent de l’écran, tant les images sont impressionnantes en terme de dynamisme qu’en terme artistique. Il s’en détache un vrai style personnel et original qui apporte une fraicheur salvatrice à cette œuvre depuis un monde des glaces peuplée de monstres hostiles (on retrouve d’ailleurs la touche graphique de celui de Cloverfield) à l’incroyable destruction apocalyptique d’une planète entière. Chaque usage des effets spéciaux est temporisé de manière à établir une composition des plus travaillées. De sa caméra à l’épaule habituelle se définit un style J.J. Abrams que l’on pourrait situer à mi-chemin entre la richesse structurelle dans l’image d’un David Fincher et le rythme frénétique des scènes d’action d’un Michael Bay. Développant un univers qui lui est propre, le cinéaste loue de nouveau les services de composition de Michael Giacchino, son compositeur attitré, qui récréé toute l’ambiance musicale noble et envoutante digne d’un magnifique space opera en crescendo s’achevant en un final en apothéose. Cette version 2009 de Star Terk est une expérience unique dans le monde de la science-fiction, qui pourrait sembler puérile à première vue, mais se doit d’être savourer en IMAX ou en projection numérique tant le pouvoir des images chez Abrams est capital dans la structure globale du long métrage. Déjà admiratifs de son travail et de la rentabilité qui semble suivre ce dernier, les studios Paramount ont dans l’espoir de voir naître une suite directe à cet épisode 0 pour 2011, marquée du sceau du réalisateur-producteur. Espoir auquel nous aspirons à la fin de la projection.
Les superlatifs ne manquent pas pour décrire cet opus moderniste et réformateur qui sait aussi rendre un hommage respectueux à ses aînés. On ne voit pas passer les deux heures de ce long métrage hollywoodien hors du commun qui deviendra rapidement un film culte, ainsi qu’une nouvelle référence dans son genre. Dorénavant, il faudra compter sur J.J. Abrams parmi les nouveaux cinéastes en vogue à suivre de très près. Plus qu’un simple divertissement à grand spectacle, son Star Trek est sans nul doute l’un des meilleurs films de science-fiction de ces trente dernières années.
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