Senses
À la fin du deuxième épisode, Jun s’adresse à une inconnue dans un bus : “j’aime réunir les gens”, lui dit-elle. Après cette rencontre, elle décide pourtant de partir, laissant ses amies derrière elle. Le véhicule s’enfonce dans un tunnel, profitant du noir pour céder sa place à un train, dans lequel Daiki (le fils de Sakurako) pose paisiblement sa tête sur celle de sa copine. Cette transition subtile n’est pas anodine puisque la dernière séquence du troisième épisode joue la rencontre entre Jun et Daiki, les deux ayant pour ambition de partir. Une rencontre éminemment puissante puisqu’il s’agit de leur dernière apparition dans le film. Par ailleurs, elle fait aussi se croiser une femme enceinte fuyant un mari qui ne veut pas lui accorder le divorce et un jeune homme qui voulait s’enfuir avec sa petite amie, elle aussi enceinte, qui finit par ne pas venir. Les deux absents, le mari et la petite amie, se retrouvent télescopés dans chacun des personnages présents, Jun étant la petite amie, et inversement, Daiki le mari. En parcourant ainsi la vie des différents personnages, Senses nous montre à quel point les japonais sont modestes, s’interdisant presque de manifester leurs sentiments librement en présence des autres. Alors on essaye de leur apprendre à s’exprimer et à s’écouter à travers des exercices tactiles dans un atelier organisé par Ukai et Fumi au début du film. Cette séquence apparaît alors comme un souffle au milieu du film, loin de toute cette retenue que les protagonistes exercent sur eux-même, s’évertuant à faire les équilibristes.
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Adeline Maturana