Cztery noce z Anna | |
2008 – Pologne / France | |
87' – 1,85:1 - Couleur - Dolby SR / Digital - 35mm | |
Réalisation | Jerzy Slolimowski |
Scénario | Jerzy Slolimowski, Ewa Piakowska |
Musique | Michal Lorenc |
Image | Adam Sikora |
Montage | Cezary Grzesiuk |
Production | Paulo Branco, Jerzy Slolimowski |
Avec | Artur Steranko, Kinga Preiss, Redbad Klynstra, Jerzy Fedorowicz... |
Fiche IMDB | http://www.imdb.com/title/tt1225290 |
Ferme les yeux
Selon le Robert de la Langue Française, la fascination est un attrait irrésistible et paralysant exercé par le regard sur une personne. Léon Okrasa observe Anna dormir en s’introduisant clandestinement la nuit dans sa chambre. Il ne fait rien de particulier sinon de s’imprégner de l’atmosphère de la pièce dans laquelle vit Anna. Et surtout, il la regarde, indéfiniment, intensément, comme pour apprendre par cœur les formes de son visage. Léon est littéralement fasciné par cette femme.
Le regard est omniprésent dans ce film. Regard direct, regard figé, regard paralysé. Alors qu’il coulait des jours tranquilles et relativement sans intérêt, Léon voit sa vie bouleversée lorsqu’il assiste, malgré lui, au viol d’une jeune femme : Anna. Il ne verra cette femme dans les yeux qu’une seule fois mais de cet échange découlera une grande névrose. Comme portant sur ses épaules le poids d’un viol qu’il n’a pu empêcher, Léon semble vouloir protéger coûte que coûte cette personne. Pourtant, il ne lui a rien dit. Lorsque l’agresseur est parti, il n’a rien fait pour délivrer Anna ; il l’a regardé et est parti à son tour. Depuis ce jour, ses pensées sont toutes tournées vers cette femme. Son intérêt grandissant le pousse à trouver un travail au sein de l’hôpital dans lequel travaille Anna. Ainsi, il peut veiller sur elle à son aise. Mais l’observation tourne à l’obsession puisqu’il va jusqu’à habiter dans une maison en face de celle d’Anna. Il peut la regarder à loisir à travers la fenêtre, tapis dans le noir.
Léon apparait alors comme un maniaque et le film aurait pu tourner en thriller ou en film d’horreur. Les stéréotypes du genre sont présents. Un chasseur – Léon – observe sa proie dans l’attente du moment propice pour attaquer. La victime est l’archétype de la donzelle sans défense : blonde aux yeux bleus, elle porte une robe blanche d’infirmière. Mais elle ne se met pas à courir en hurlant car Léon ne l’agressera jamais !
La fascination se transforme peu à peu en obsession. La culpabilité et le traumatisme de l’attaque dont il a été témoin ne sont plus les moteurs de son intérêt pour Anna. La jeune femme rythme désormais sa vie. Il faut dire que Léon est un pauvre type, toujours sous l’emprise de sa mère qui ne peut pas vraiment s’épanouir dans son travail (il travaille dans un incinérateur). Anna devient alors sa raison de vivre. Elle n’a pas une vie réellement plus passionnante, mais ce qu’elle a vécut la rend différente.Le basculement vers l’excès irréversible intervient lorsque Léon s’introduit par effraction chez Anna. Ce qui frappe dans le comportement de cet homme, c’est son ambivalence. Ne supportant plus l’observation à distance, il dissimule des somnifères dans le thé d’Anna afin que celle-ci ne se réveille pas lorsqu’il se trouve dans sa chambre. Mais, cet homme seul, obnubilé par cette femme, ne semble pas la désirer. Au cours de la deuxième nuit, alors qu’Anna se retourne dans son lit, la couverture tombe et dévoile un sein. Léon tend la main pour le toucher puis se rétracte. La peur le dominerait-il malgré toutes ses audaces ? Pénétrer chez elle à son insu, c’est déjà la posséder. Il profite d’elle. Ce qu’il appelle amour n’est que facticité car il est dans une situation de non-retour.Le regard qu’il porte sur Anna est alors teinté d’ambiguïté. Elle est la femme de ses rêves, au sens propre. La notion de regard est quelque peu galvaudée car si Anna se réveille que verrait-elle ? Une ombre mouvante. Un regard non partagé est un regard perdu, sans réciprocité. Anna est un fantasme pour Léon ; elle ne doit pas savoir qu’il existe. Il est le cauchemar quand Anna incarne le rêve.La fascination voyeuriste de Léon pour cette femme le fait plonger dans la perversion. Qu’attend-il d’elle ? Que cherche-t-il pour lui ? Il agit tel un fétichiste portant son admiration sur une personne. Le viol caractérisé qu’elle a vécut quelques temps plus tôt n’est-il pas en train de se réitérer avec Léon ? Les intentions de ce dernier ne sont pas telles, mais son attitude est en escalade. S’il se contentait de l’observer depuis la fenêtre au point de départ, il termine par dormir sous le lit de son aimée !
On ne sait pas à quoi s’en tenir. Léon est-il un homme simplement dérangé par un « amour » et une fascination qui le dépassent ou alors est-il pleinement conscient de la démesure de ses actes ? Le doute plane. Il veille à ce que personne ne sache ce qu’il fait, ni même ne se doute qu’il ait déjà rencontré ou puisse connaître Anna. Néanmoins, sa chaste attitude dans la pièce le rend pathétique. Léon est un personnage que l’on ne peut pas détester. Son comportement irrationnel le rend à la fois attachant et terrorisant. Il pourrait être un enfant, il ne semble pas réaliser la gravité de ses gestes.
Quatre nuits avec Anna est un film que l’on regarde avec effroi. Le temps semble s’être arrêté dans cette province polonaise recouverte par la neige. Anna porte enfouie en elle les souffrances de son drame, Léon en crée un nouveau. Il est à remarquer le travail minutieux d’Adam Sikora, qui a travaillé sur les contrastes pour rendre le village et les habitations des deux personnages comme suspendus, aériens perdus dans le brouillard hivernal. Nous sommes plongés dans un monde en autarcie, un monde autiste, à la manière de Léon qui ne saura jamais s’insérer.
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