2008 – Royaume-Uni / USA | |
107' – 2,35:1 - Couleur - SDDS / DTS / Dolby Digital - 35mm / DCP | |
Réalisation | Marc Foster |
Scénario | Neal Purvis, Robert Wade, Paul Haggis |
Musique | David Arnold |
Image | Roberto Schaefer |
Montage | Matt Chesse, Richard Pearson |
Production | Barbara Broccoli, Michael G. Wilson |
Avec | Daniel Craig, Olga Kurylenko, Mathieu Amalric, Judi Dench... |
Fiche IMDB | http://www.imdb.com/title/tt0830515 |
Quanta d’interrogation
En 2006, le film Casino Royale de Martin Campbell était considéré comme l’épisode de la saga James Bond de tous les dangers. L’histoire revenait sciemment aux sources du personnage de Ian Fleming et de plus sous les traits d’un nouvel acteur quasi inconnu jusqu’alors : Daniel Craig. Plus violent et primal, le héros de ce vingt-et-unième volet revient cette année dans Quantum of Solace : première suite directe dans l’histoire des films estampillés du chiffre 007.
Le film commence à peine une heure après le dernier plan de Casino Royale pour nous plonger dans une traque infernale à travers le globe où James Bond (Daniel Craig) se lance à la poursuite d’une puissante organisation secrète. De l’Europe à l’Amérique du Sud, il s’avère que l’un des membres les plus éminents de cette organisation est Dominic Greene (Mathieu Amalric), un influent homme d’affaire. Dans sa quête personnelle, Bond s’associera avec Camille (Olga Kurylenko), une jeune femme dont la vengeance l’a elle aussi conduite jusqu’à Greene, et se tournera vers d’anciens alliés afin de retrouver les responsables de la mort de sa bien aimée Vesper.
Un film à grand spectacle donc, n’hésitant pas à avoir recours aux millions de dollars économisés pour la production. 230 millions pour être précis, soit le budget le plus important de la saga pour l’épisode le plus court (1h47). Dès les premières minutes, le ton est donné : l’action sera le maître mot de l’histoire. Sur terre, sur mer ou dans les airs, James Bond lutte sur tous les fronts et contre tous. Quant à l’histoire… En tant que suite de Casino Royale, il est de coutume de ne raconter que le strict minimum pour qu’un spectateur lambda comprenne un peu ce qu’il se passe. Dans Quantum of Solace, la proéminence des scènes d’actions limitera de manière drastique ce quota d’informations vitales et zappera illico ce pourquoi Bond se bât si ardemment. Et c’est malheureusement tout ce qui devait importer à ce film, le principe contemporain autour du personnage préférant se recentrer sur l’homme et non sur l’icône glamour qu’il est devenu. Le travail commun des scénaristes Neal Purvis et Robert Wade corrigé par Paul Haggis ne semble pas avoir autant convaincu cette fois-ci. Le film n’ayant, d’une part, pas de ligne directrice et allant de scène d’action en scène d’action et, d’autre part, une durée insuffisante pour laisser les nouveaux protagonistes s’installer. Mathieu Amalric n’a pas le temps de s’imposer comme un vrai « méchant » et donc de convaincre. Il en ira de même pour les autres personnages secondaires. Ceux de Camille (Olga Kurylenko) ou de Felix Leiter (Jeffrey Wright) n’ont pas assez de présence durant le film pour tenir le rôle qui leur a été attribué dans l’histoire.
A la sortie des critiques presse, deux sons de cloche résonnaient très distinctement. L’un y trouvait un James Bond plus authentique, plus proche que jamais du héros papier de Ian Fleming, et l’autre y voyait un personnage à l’écran perdant son identité. A ce cela s’explique le fait que Casino Royale joua le rôle de pacemaker à la saga qui semblait s’enliser, après un épileptique et déluré Die Another Day de Lee Tamahori. Une refonte totale du fond et de la forme fut alors organisée par les producteurs. Un redémarrage aux origines de James Bond avec sa première mission (redémarrage décidé ou non, la famille Broccoli productrice de la saga ayant enfin pu faire main basse sur les droits d’adaptation du roman Casino Royale). Ensuite, l’officialisation de Daniel Craig en nouvel avatar de 007, une incarnation plus froide et complexe, mais qui se transforme en véritable machine à tuer dans Quantum of Solace. L’un des chocs les plus forts instaurés fut aussi la suppression systématique des codes et clichés du genre. Ainsi, pour que le spectateur se rapproche au plus près de l’être humain, nous dûmes dire adieu aux gadgets, à l’humour vaseux, au vodka martini « shaken, not stirred » et au gunbarrel d’ouverture. Mais ce nouvel épisode va plus loin en supprimant la célèbre phrase « My name is Bond, James Bond », renforçant par la même occasion les partisans du fait que le personnage perd son identité.
Mais il n’y a pas que sur le contenu que la saga se transforme. Les scènes d’actions au montage ultra découpé rappellent au bon souvenir d’une autre saga plus récente, bien entendu, d’espionnage. Les films Jason Bourne, avec Matt Damon en agent secret amnésique, faisaient la différence avec les James Bond par sa modernité dans un contexte plus crédible ainsi que dans l’approche des combats, beaucoup plus rapides et brutaux, amenant cette bestialité que Bond compensait alors avec son standing inimitable. Finalement, ces codes furent repris dans Casino Royale, mais de manière plus flagrante dans Quantum of Solace, leur coordinateur des cascades Gary Powell ayant travaillé sur The Bourne Ultimatum. James Bond copie donc sur ce qui lui était différent tout en perdant ce qu’il avait accumulé ces quarante dernières années. Pourquoi ? Alors que les ties-in, ces publicités sans en être sont toujours si présentes dans le film. Pour plaire, tout simplement. James Bond n’est-il pas le meilleur VRP du monde ? Alors que les fondations qui faisaient son identité sont effacées à la dynamite, les producteurs tout puissants de la saga transforment leur « chose », car James Bond s’est toujours transformé pour pouvoir répondre aux attentes du public de son époque. Mais à tel point aujourd’hui que l’on pourrait penser qu’il s’agirait désormais de quelqu’un d’autre.
Au pays de James Bond, il est sûr et certain que l’on se rapproche de plus en plus de l’homme. Mais de qui se rapproche-t-on à la fin aussi ? Les Broccoli iraient-ils jusqu’à renommer 007 pour que le succès perdure parce que c’est « à la mode » de remaker sans limites un personnage, au risque de perdre complètement tout ce qu’il était devenu ? Le mystère persiste encore. Mais est-ce donc un James Bond plus James Bond que jamais ou bien un héros qui renonce peu à peu ce qu’il est devenu pour ne plus être James Bond ? C’est LA question que Casino Royale posa et dont Quantum of Solace est le « poing » d’interrogation.
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