Punishment Park

En 1970, alors que le président Nixon remet en applica­tion le « McCarran Act de 1950 » – pourtant jugé anticonstitu­tionnel par le Sénat – Peter Watkins réalise Punishment Park, une fable politique anticipant les dérives possibles d’un tel décret.

Celle-ci présente un pays où l’état d’urgence est déclaré où des jeunes susceptibles de nuire à l’état, condamnés pour in­subordination militaire, contestation politique ou autre, sont ju­gés par un tribunal civil au milieu du désert californien. À l’issue de quoi, leur est offert la possibilité de choisir entre une lourde peine d’emprisonnement ou un passage au Punishment Park.

Après avoir réalisé La Bombe (1965) et Les Gladiateurs (1966), Watkins perfectionne avec Punishment Park le genre « politic-fiction »¹COHN Bernard, « Punishment Park », Positif, n°130, septembre 1971, p.30.. Sur un scénario improvisé réalisé avec une seule caméra à l’épaule, interprété par de jeunes comé­diens non-professionnels jouant leur propre rôle, Punishment Park est un film d’anticipation qui empreinte les codes du ciné­ma direct et du reportage. L’esthétique télévisuelle faussement objective de Watkins place le spectateur en observateur des dispositifs de répressions mis en place par un pays démocra­tique, prêts à « sacrifier la notion de  valeur humaine ».²(2) GAULIER Patrick, , « Punishment Park », Image et son, n°279, décembre 1973, p.118

Malgré le succès, obtenu notamment à Cannes en 1971, ce film a longtemps été invisible à l’image de la filmo­graphie de Watkins. Il n’est resté que quatre jours à l’affiche au cinéma aux Etats-Unis avant d’être interdit durant vingt ans, et n’a jamais été montré à la télévision américaine. En France, interdit aux moins de 18 ans, il a été très peu diffusé.

C.P.

• 1
  COHN Bernard, « Punishment Park », Positif, n°130, septembre 1971, p.30.
• 2
  (2) GAULIER Patrick, , « Punishment Park », Image et son, n°279, décembre 1973, p.118