Salò ou les 120 journées de Sodome

Qualifié d’ « insoutenable », de « film enfer »¹Télérama, 25 mai 1976. ou encore « de chef d’œuvre de violence »²L’Express, 25 mai 1976., Salò ou les 120 journées de Sodome (1975) de Pier Paolo Paso­lini est un film qui éprouve la résistance du spectateur.

Prenant place dans la république fasciste et fantoche de Saló instaurée par Mussolini en septembre 1943 sous la pression allemande, quatre notables séquestrent neuf jeunes hommes et neuf jeunes filles pour leur faire subir leurs fantasmes pervers, jouissant sur eux d’un pouvoir absolu de vie ou de mort.

Adaptation des 120 journées de Sodome du Marquis de Sade, Salò est divisé en quatre tableaux inspirés des cercles in­fernaux de la Divine Comédie de Dante: le « Vestibule de l’en­fer », le « Cercle de la passion », le « Cercle de la merde » et enfin le « Cercle du sang ». Masochisme, scatophilie et porno­graphie sont articulés autour d’un récit et d’images intenables.

Après avoir réalisé la « Trilogie de la vie », Le Déca­méron, Les Contes de Canterburry et Les Milles et Une Nuits, apologie d’un certain hédonisme érotique, Pasolini dévoile dans Salò une vision funeste de la sexualité, la considé­rant comme un instrument de soumission et dénonce le fas­cisme ordinaire de la culture occidentale contemporaine.³Cf. VERRAES Jennifer, «Pasolini/Sade, une leçon de choses », conférence donnée au Forum des Images le 23 mai 2011 et visible sur internet

À sa sortie, le film est interdit en Italie et fait polémique en France. Pasolini vient d’être assassiné et l’enquête se déroule en­core dans d’obscures circonstances. Alors que ce film posthume est très attendu par la communauté cinéphile, sa projection ne sera autorisée que dans une salle d’art et d’essai excentrée, la Pagode.

C.P.

• 1
  Télérama, 25 mai 1976.
• 2
  L’Express, 25 mai 1976.
• 3
  Cf. VERRAES Jennifer, «Pasolini/Sade, une leçon de choses », conférence donnée au Forum des Images le 23 mai 2011 et visible sur internet