Body of Lies | |
2008 – USA | |
128' – 2,35:1 - Couleur - SDDS / DTS / Dolby Digital - 35mm / DCP | |
Réalisation | Ridley Scott |
Scénario | William Monahan d'après le roman de David Ignatus |
Musique | Marc Streintenfeld |
Image | Alexander Witt |
Montage | Pietro Scalia |
Production | Donald De Line, Ridley Scott |
Avec | Leonardo DiCaprio, Russell Crowe, Mark Strong, Golshifteh Farahani, Ali Suliman... |
Fiche IMDB | http://www.imdb.com/title/tt0758774 |
Mens-moi si tu peux. Ridley Scott président ? Le réalisateur écossais semble s’être épris de passion pour les sujets politiques, à entendre politiquement incorrects sous l’ère Bush. Mais nous sommes rassurés de voir que ce n’est pas si explicite ou alors d’une manière très épurée, afin de satisfaire le spectateur républicain comme démocrate pour qui ce film est destiné au départ. C’est dans cette optique que naît le dernier film de Ridley Scott : Body of Lies.
Blessé lors de la dernière guerre en Irak, l’ancien journaliste Roger Ferris (Leonardo DiCaprio) est recruté par la CIA pour traquer un nouveau chef terroriste basé en Jordanie qui menace l’Europe et les États-Unis d’attentats meurtriers. Cette mission l’oblige à collaborer avec Ed Hoffman (Russell Crowe), un vétéran de l’agence américaine à l’autre bout du monde et le chef des renseignements jordaniens (Mark Strong), garantissant sa totale coopération. Mais sur le terrain, Roger Ferris est seul face au danger et se demande s’il peut faire entièrement confiance dans ces deux hommes hors d’atteinte.
Adaptation cinématographique du roman éponyme de David Ignatius par le scénariste de The Departed (Les Infiltrés) William Monahan, Body of Lies se place dans le contexte formel de post 11 septembre où les ennemis des États-Unis, et donc du monde entier bien évidemment, sont les terroristes. Ces derniers devenus les bad guys préférés d’Hollywood, le film se base dans cette mouvance de « néoterrorisme » où le récit découvre un groupe de terroristes islamistes plus actifs encore qu’Al Qaïda à la vue des attentats qu’ils commettent et pourtant finissent par être vaincus par les héros de la bannière étoilée. Le Royaume de Peter Berg en 2006 plaçait lui aussi ce type de scénario en Arabie Saoudite. Ici c’est en Jordanie. A croire qu’Hollywood aime s’inventer des ennemis là où il n’y en a pas. La peur semble être un facteur clef du succès du film comme s’il révélait ce que la télévision cache au spectateur sur l’ingérence des États-Unis des conséquences de son interventionnisme dans cette région du globe.
Sur le fond, le film joue sur l’ambiguïté simpliste qu’ont les américains à se persuader qu’un musulman est forcément un terroriste. Mais Body of Lies se veut d’une morale impartiale en montrant qu’il existe bel et bien des alliés de l’Oncle Sam au Moyen Orient. Car pour investir ses principes contre les amalgames, le film suit le personnage de Ferris, un américain parlant l’arabe, parfaitement intégré à la population, allant même jusqu’à préférer vivre en Jordanie que de revenir aux États-Unis. Cela dit, l’une des originalités intéressantes que présente Body of Lies est ce décalage permanent entre les personnages de Roger Ferris et d’Ed Hoffman, le premier en pleine mission d’espionnage à guetter un suspect tandis que l’autre mène sa petite vie ordinaire de l’American way of life que seule l’oreillette de son kit main libre relie à son travail. Cette guerre est complètement virtuelle pour les pontes militaires, dirigeant tout et prenant les décisions depuis Washington à partir d’images retransmises par des drones sillonnant les cieux du Moyen Orient, alors que des agents de terrain anonymes risquent leur vie tout en sachant qu’ils seront lâchement abandonnés par leur gouvernement s’ils sont capturés (thème que l’on retrouve presque à l’identique dans le Spy Game réalisé en 2001 par Tony Scott, jeune frère de Ridley).
Sur la forme, le duo principal est un duel au sommet. Leonardo DiCaprio représente très bien l’agent d’espionnage américain contemporain, tiraillé entre son devoir le mettant à rude épreuve et ses sentiments personnels qui risquent de le compromettre. Body of Lies est aussi la quatrième collaboration entre l’acteur Russell Crowe et le réalisateur Ridley Scott depuis l’épique Gladiator. Mais il est intéressant de noter que c’est l’une des premières fois où Russell Crowe interprète le rôle d’un personnage vieillissant. Ed Hoffman est un homme blasé sachant toujours ce qu’il fait ou dit, maîtrisant chaque situation même les plus incontrôlables qui dégénèrent, alors qu’il boit tranquillement son café dans son jardin à six heures du matin. Il y a aussi le dernier acteur de second rôle fétiche d’Hollywood présent dans Body of Lies, Mark Strong, en chef des renseignements jordaniens quelque peu caricatural sur les bords. Travaillée dans ses précédents Black Hawk Down (La Chute du faucon noir) et Kingdom of Heaven, la fascination du metteur en scène Ridley Scott pour le désert marocain comme décor naturel se traduit à nouveau dans ce film. Plusieurs scènes clefs s’y jouent, où l’éloignement de tout au milieu de cette terre aride et poussiéreuse qui semble s’étendre au-delà de l’horizon prend tout son sens dans Body of Lies.
La mise en scène de ce thriller d’espionnage est claire, ne cherchant pas dans l’esbroufe d’effets de cadrage ou de montage qui pourraient faire tomber le film dans le simple divertissement grand public. Le rythme est soutenu, le casting exemplaire et une histoire intéressante tient le tout. Cependant Body of Lies ne réussit qu’en façade à être un film à grand spectacle critique de la situation des américains au Moyen Orient, car le film perd de sa valeur pédagogique en préservant cette simplification toute étasunienne (ou hollywoodienne) d’une guerre du Bien contre le Mal.
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