Frost / Nixon | |
2008 – USA / Royaume-Uni / France | |
122' – 2,35:1 - Couleur - SDDS / DTS / Dolby Digital - 35mm / DCP | |
Réalisation | Ron Howard |
Scénario | Peter Morgan |
Musique | Hans Zimmer |
Image | Salvatore Totino |
Montage | Dan Hanley, Mike Hill |
Production | Brian Grazer, Ron Howard, Tim Bevan, Eric Fllner |
Avec | Frank Langella, Michael Sheen, Sam Rockwell, Kevin Bacon, Matthew Macfadyen... |
Fiche IMDB | http://www.imdb.com/title/tt0870111 |
Faux débat(s). Entre deux adaptations de romans de Dan Brown, le metteur en scène américain Ron Howard profite d’un léger répit pour transposer sur grand écran la pièce de théâtre relatant le célèbre entretien télévisé fait par David Frost avec l’ancien président des États-Unis Richard Nixon.
En 1977, l’animateur britannique David Frost est sans cesse associé à l’image d’un présentateur de shows télévisés satyriques humoristiques ne se prenant pas au sérieux. Un projet ambitieux lui tient à cœur : interviewer le président américain déchu Richard Nixon. Mal partie au départ, la rencontre s’organise finalement entre le politique et le présentateur. Divisée en quatre parties, l’interview se transforme rapidement en un véritable affrontement verbal entre les deux hommes et bouleversera à jamais la manière d’aborder la politique à la télévision.
Le long métrage Frost/Nixon est une retranscription sur grand écran des plus ambigües de la pièce écrite par Peter Morgan. Fort des sujets politiques, l’auteur avait déjà exercé son talent de à nombreuses reprises pour le cinéma et la télévision. On lui doit notamment le scénario du Dernier Roi D’Écosse de Kevin McDonald ou encore ceux de la trilogie portée sur Tony Blair comprenant le téléfilm The Deal, le long métrage de Stephen Frears The Queen et The Special Relationship que Morgan dirigera lui-même et où Micheal Sheen tient systématiquement le rôle du premier ministre britannique. Pour son Frost/Nixon, le réalisateur Ron Howard s’est accordé à reprendre les deux comédiens qui tenaient la tête d’affiche de la pièce. Sur grand écran, Michael Sheen réapparait sous les traits de David Frost retrouvant Frank Langella sous ceux de Nixon. Un rôle qui vaudra à ce dernier une nomination à l’Oscar du Meilleur acteur. Il était très probable que ce film ne soit qu’une pâle copie de l’œuvre originale à la vue des nombreuses adaptations dépossédées de l’âme que détenaient les pièces, comme le récent Doute de John Patrick Shanley nous a montré que l’essentiel d’un vrai travail sur la mise en scène cinématographique s’y retrouve souvent minoré.
Cependant, le long métrage que nous propose Ron Howard fait exception. Loin de détenir une réalisation exempte de tout défaut, le metteur en scène n’hésite pas à prendre le risque de sortir de son classicisme habituel afin de déstabiliser un temps le spectateur. Une retranscription plate et frontale des faits est cassée dès le début du film. Poussant le récit au-delà du débat télévisé, Ron Howard opère une originale déconstruction de l’événement. L’approche documentaire d’un faux travail d’investigation au sein de la fiction, qu’il fait intervenir de façon éparse à travers le long métrage, s’avérait risquée mais payante en fin de compte. Tenant leurs rôles hors du seul contexte chronologique, les interventions des personnages, interrogés sur tout le processus qui conduisit à la fameuse interview, créent un malaise plaisant où la vérité semble se mêler à la fiction. Mais tenons nous le pour dit : Frost/Nixon reste pleinement un film de fiction basé sur des faits existants. Des faits devenus tellement célèbres que le point de vue de Ron Howard sur la question nous semble quelque peu inconsistant. La confrontation fut visionnée par des millions de téléspectateurs. Les images qui en sont issues font désormais partie intégrante de la culture américaine et télévisuelle, qu’elles fassent état de la célèbre première question improvisée par Frost : « Why didn’t you burn the tapes ? » à l’émouvante issue que l’on connaît de cette interview. La peur de trahir cet épisode télévisuel marquant a sans aucun doute sclérosé la vision du metteur en scène.
L’argument d’une telle production se devrait de nous apporter un nouveau regard critique sur l’événement ou de mettre en lumière un élément important qui nous aurait permit de mieux comprendre les enjeux d’un tel entretien. Débat à travers lequel est traité face à face avec Richard Nixon le sujet sensible du Watergate et que l’ancien président n’abordera plus jamais en public. Nous ressentons bien que les deux comédiens connaissent au mieux les personnages qu’ils incarnent devant la caméra. Pourtant, Ron Howard arrive à tirer partie de sa mise en scène une certaine tension et une grande émotion qui émane de l’interview et de tous les protagonistes qui en sont rattachés. Mais le réalisateur du Da Vinci Code s’est heurté à l’implacable exactitude vérifiée inhérente aux faits historiques populaires. Tout comme le long métrage Walkyrie sorti en début d’année, où Brian Singer présentait le complot du 20 juillet 1944, Ron Howard s’attaque à un sujet maintes fois étudié et décortiqué pour lequel il est difficile de donner un point de vue qui puisse y faire apparaître des éléments nouveaux ou impliquer une vraie remise en cause. Frost/Nixon souffre aussi de ses liens de parenté sur son thème. Le brillant Nixon d’Oliver Stone, sorti quatorze ans plus tôt, avait déjà fait le plus gros du travail d’historien autour de l’ancien président, principalement dans sa réhabilitation en un être humain doué de conscience et de sentiments et pouvant créer chez les spectateurs de l’empathie, voire une certaine sympathie.
Ainsi, le long métrage de Ron Howard ne semble apparaître que comme une excroissance supplémentaire aux nombreuses analyses sur le personnage atypique que fut Richard Nixon, mais pas non plus sans goût. Bien que difficilement inventive, l’adaptation de la pièce est réussie. Une réussite à louer aux quelques prises de risques dans la mise en scène, sans qu’elle désire dénaturer pour autant le débat original. Michael Sheen et Frank Langella nous offrent un spectacle intense et que nous suivons avec plaisir, bien qu’il n’apporte rien en plus sur le sujet.
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