1998 – France | |
93' – 2,35:1 - Couleur - Dolby SR - 16mm (tournage) / 35mm (projection) | |
Réalisation | Gaspar Noé |
Scénario | Gaspar Noé |
Son | Olivier Le Vacon, Olivier Dô Hùu, Valérie Deloof, Jean-Luc Audy |
Image | Dominique Colin |
Montage | Gaspar Noé, Lucile Hadzihalilovic |
Production | Gaspar Noé, Lucile Hadzihalilovic |
Avec | Philippe Nahon, Paule Abecassis, Roland Guéridon, Blandine Lenoir... |
Fiche IMDB | http://imdb.com/title/tt0157016 |
Chacun sa vie, chacun sa morale. Et si je devais résumer ma vie, ma vie elle est très simple : c’est celle d’un pauvre type. Voilà le genre de truc qu’ils devraient écrire un jour ».
Avec Seul Contre Tous, Gaspar Noé nous présente la chute d’un homme vers une spirale de haine et de violence, dont les Autres deviennent les principaux accusés. Ainsi, sept ans après la sortie de Carne, le réalisateur prolonge les aventures de son boucher et de sa fille Cynthia. D’un personnage émouvant à force d’avoir tout perdu pour l’amour de sa fille, le boucher devient ici pour le spectateur de plus en plus abject et repoussant.
En ce sens, âmes sensibles s’abstenir : le film choque, et pas qu’un peu. Au-delà d’un déluge sanguinolent, ce que le film évite à tout prix, Noé secoue et violente son spectateur. Tout d’abord par ses dialogues, d’une vulgarité et d’une crudité assourdissante. Puis par les images qu’il nous présente : on bascule d’une scène porno filmée en plein écran, au ventre d’une femme enceinte explosé à coup de poings.
On glisse alors de l’intérieur de la maison vers l’extérieur pour rejoindre la forêt, le domaine de nos agresseurs. A partir de là, il n’y a plus d’échappatoire possible, les protagonistes courent à leur perte dans les ténèbres, aveuglement. De plus : le mystère sur l’identité des tueurs comme de leur motif reste toujours inviolé. Mais leur présence est à chaque fois soulignée, il est impossible de se sentir tranquille : on entend leurs pas, on observe la lumière de leurs lampes, on remarque leur silhouette…
Partant de ce schéma, la force du film réside dans cette volonté pour Noé d’aller jusqu’au bout de ses idées, aussi choquantes et dégoûtantes soient-elles, en prenant le partie de traiter son film selon le point de vue de son boucher. Le spectateur est ainsi forcé de suivre les déambulations à la fois physiques et psychologiques de son personnage. Il épouse sa vision du monde, meurtrie et désabusée. Mais finalement, la haine ne déborde jamais de ce personnage : elle reste en lui, le rendant encore plus malade qu’il ne l’est à chacun de ses pas. Et c’est ici que la mise en scène fait des miracles, pétant les plombs littéralement à la place de son personnage. D’une scène posée et calme, la caméra se brusque soudainement, de manière imprévisible. En soulignant la « morale » directrice de notre personnage, les panneaux du film vont jusqu’à titiller le spectateur (« Vous avez 25 secondes pour quitter la projection »). Noé le manipule pour mieux le mettre à bout, au même titre que l’ex-boucher est d’une certaine façon manipulé par son système de pensée (submergé par elle, il ne peut plus se contrôler).
Repoussant pour les autres, le boucher le devient également pour les spectateurs. A force de nous faire épouser son point de vue, le réalisateur nous libère en même temps de son personnage, nous poussant à avoir sur lui un certain recul. Malgré tout cela, Noé peut se vanter d’avoir créée un personnage fort et saisissant.
L’autre point fort du film, c’est son humour. Car oui, derrière tant de répugnance, on trouve bien de quoi rire. En premier lieu par le déluge de dialogues qui à force de vulgarité et de violence trouvent dans l’absurde une certaine porte de sortie (toujours plus noir, toujours plus abjecte, on attend la phrase suivante avec une délectation presque perverse). Certes, il y a aussi de l’humour noir, très noir. Et la musique vient, de plus, souligner cet élan humoristique par la présence de ses effets : en retentissant avec rythme à chaque mouvement de caméra, rappelant au passage le fameux sketch sur la prononciation de « serial killer » dans La Cité de la Peur.
On en arrive alors au principal argument de ce film : son originalité. Rare dans le cinéma français d’aujourd’hui on aura trouvé un pamphlet aussi fort contre la vie elle-même, la société, son fonctionnement, et tous les gens que l’on peut y croiser. Toutes ces ordures et pourritures exposées à même le sol. A l’heure des comédies potaches et de comédiens en recherche de devenir, Noé prend le partie de déglinguer tout le monde. En s’en prenant tour à tour à la famille, l’Homme (et la femme), la société, Noé ne rate aucune de ses cibles. Pourvu que l’on croise la trajectoire de son boucher, chacun en prend méchamment pour son grade. Gaspar Noé prouve ainsi avec Seul Contre Tous qu’il est un réalisateur à la fois provocateur et talentueux, et c’est avec un coup de poing « en pleine gueule » qu’il nous le fait savoir.
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