Loading. Please wait...

Infos détaillées

Ceux de chez nous
1915 – France
22′ – N&B
Réalisation, Scénario, Image, MontageSacha Guitry
AvecSacha Guitry, Sarah Bernhardt, Anatole France, Edgar Degas , Augus te Rodin, Camille Saint-Saëns , Auguste Renoir, Edmond Ros and, André Antoine,Claude Monet, Octave Mirbeau…
Cinématon n°193 – Philippe Garrel
Fait à Paris le 30 avril 1982 – France
3’25 – N&B
Réalisation, ImageGérard Courant
AvecPhilippe Garrel
Les Hautes solitudes
1974 – France
80' – 1,66:1 - Muet - 35mm
Réalisation, Scénario, Image, MontagePhilippe Garrel
AvecJean Seberg, Nico, Tina Aumont, Laurent Terzieff
Fiche IMDBhttp://www.imdb.com/title/tt0071600
Projection Cinéclub02/04/2014 à 12h45

Catégories

Tags

Hétéroportraits

Dans le but de créer « une encyclopédie nouvelle »1Vincent Amiel, « Des documents pour l’Histoire », Positif, n°561, novembre 2007, p. 110-111. de l’image, Sacha Guitry rend hommage aux grands artistes français – Degas, Renoir, Bernhardt, entre d’autres – avec Ceux de chez nous, portrait documentaire montrant les instants de création et du quotidien. Sorti le 22 novembre 1915, le film dure 22 minutes et il est accompagné lors des projections par les commentaires de Guitry, qui, en 1939, réalise une version sonorisée en ajoutant des plans de son père, Lucien Guitry. Le métrage est modifié en 1952 lorsque l’auteur, face à la caméra, récite le vécu du tournage : « mise au service des arts, il m’apparut alors que cette lanterne magique pouvait faire merveille. »2Jacques Lorcey, Les films de Sacha Guitry, Éd. Séguier, 2007, p. 20. Cette version télévisée filmée par Frédéric Rossif, célèbre la réussite du petit écran: «  »Ceux de chez nous » clôt le XIXe, et invente la télévision »3Philippe Arnavo, Sacha Guitry, cinéaste, Éd. Yellow Now, Crisnée, 1993,p.152. . Guitry achève un document impérissable où le portrait rejoint le recueil historique en saisissant les premiers pas du cinématographe : « pour ce premier filmportrait, jamais le cinéma ne fut plus direct et jamais si peu d’images n’ouvrirent sur tant de vérité. »4Jean-Louis Comolli, « Retour à Tours ou Vanité du portrait », Cahiers du cinéma, n°177, avril 1966, p.18.

En suivant ces traces du réel, et en s’inspirant du travail d’Andy Warhol, Gérard Courant questionne, depuis le 7 février 1978, le portrait en série dans ses Cinématons. Célébration des personnalités du milieu des arts, avec des règles spécifiques comme l’enregistrement du visage en plan fixe pendant 3’25’’. Le cinéaste, déguisé en archiviste, préserve l’aura du geste cinématographique : « je m’étonnais de voir si peu de films faits sur des cinéastes et des artistes. Mon étonnement fut encore plus grand lorsque je m’aperçus qu’il n’existait presque pas de films sur des artistes majeurs de la première partie du XXème siècle»5Gérard Courant, entretien à propos du Cinématon de Maurice Pialat, http://www.gerardcourant.com/index.php?t=ecrits&e=180 . Artistes du post-68, Philippe Garrel et Courant défendent un cinéma lyrique. Avec le Cinématon n° 193, nous assistons à la parfaite adéquation entre la matière brute et neigeuse des films garreliens et l’exercice de Courant qui nous livre un portrait de son ami, complétant ainsi la fascination de Philippe Garrel pour le visage de Jean Seberg.

En 1974, naît Les Hautes Solitudes, film muet, portrait intime consacré à l’actrice révélée à la fin des années 50 par Otto Preminger (Sainte-Jeanne ; Bonjour Tristesse) et Jean-Luc Godard (À bout de souffle). Muni d’une caméra 35 mm, Garrel capture le visage de Seberg et radiographie son être, son épiderme, sa gestuelle dans les recoins de sa maison et dans les hivernales rues parisiennes en dévoilant une femme à qui « Philippe Garrel érige un monument »6Jacques Aumont, Du visage au cinéma, Éditions de l’Étoile, 1992, p. 137. . Capturer la physionomie à vif, pendant l’improvisation, offre des instants d’une beauté cinématographique hors norme qui montre les enjeux entre  l’artiste et son modèle: « je filmai son visage. Parfois Jean pleurait. (…) dans ce film on pouvait voir son âme, qui était très belle »7Philippe Garrel, « Fragments d’un journal », Cahiers du Cinéma, nº 447, sept. 1991, p. 39. . Le cinéaste réfléchit sur l’image d’actrice en révélant l’icône et la femme réelle, marquée par le temps et les angoisses, dans un regard intime qui perce à jour ce mystère fugace propre aux femmes dans de « longues séquences immobiles qui dilatent le temps, au point que le geste le plus simple semble un morceau d’éternité. »8Jean De Baroncelli, « Les Hautes Solitudes », Le Monde, 16 décembre 1974. Les Hautes Solitudes c’est Jean Seberg : son âme devient un paysage immobile et silencieux, le masque qu’on enlève seulement au cinéma.

Diana Santamaria
Philippe Garrel (1982) by Gérard Courant - Cinématon #193
  • 1
    Vincent Amiel, « Des documents pour l’Histoire », Positif, n°561, novembre 2007, p. 110-111.
  • 2
    Jacques Lorcey, Les films de Sacha Guitry, Éd. Séguier, 2007, p. 20.
  • 3
    Philippe Arnavo, Sacha Guitry, cinéaste, Éd. Yellow Now, Crisnée, 1993,p.152.
  • 4
    Jean-Louis Comolli, « Retour à Tours ou Vanité du portrait », Cahiers du cinéma, n°177, avril 1966, p.18.
  • 5
    Gérard Courant, entretien à propos du Cinématon de Maurice Pialat, http://www.gerardcourant.com/index.php?t=ecrits&e=180
  • 6
    Jacques Aumont, Du visage au cinéma, Éditions de l’Étoile, 1992, p. 137.
  • 7
    Philippe Garrel, « Fragments d’un journal », Cahiers du Cinéma, nº 447, sept. 1991, p. 39.
  • 8
    Jean De Baroncelli, « Les Hautes Solitudes », Le Monde, 16 décembre 1974.
Lire Détails Détails Like

Partagez sur vos réseaux sociaux :

Ou copiez et partagez simplement cette url :
Articles similaires