Edvard Munch, la danse de la vie

Peter Watkins débute la réalisation d’un film consacré aux jeunes années du peintre norvégien Edvard Munch en 1973. C’est en Norvège, avec des acteurs locaux non professionnels, « choisis en fonction de leur ressemblance avec les modèles, sur des bases physiologiques autant que psychologiques »¹Entretien avec Peter Watkins, par Thierry Méranger le 23 décembre 2004, Cahiers du Cinéma, n° 598 février 2005, pp. 82 à 86. , que le film est tourné, soutenu par la télévision suédoise. Le film est proposé dans une version longue pour la télévision norvégienne qui désapprouve le résultat, et interdit sa diffusion. Il faudra par ailleurs attendre 2005 pour une sortie dans les salles françaises.

Et pour cause, Munch ne ressemble en aucun point aux biographies filmées traditionnelles mettant l’artiste sur un piédestal. En passant de scènes scénarisées en costume d’époque, à des interviews des personnages dans un style de reportage, jusqu’à la captation des témoignages des figurants face aux oeuvres du peintre, Watkins jongle avec la fiction, le documentaire et les temporalités afin de questionner la réalité que le cinéma offre au spectateur. Il juge « stupides »²Ibid. les termes de faux documentaire sous lesquels son oeuvre est étiquetée. Son intention n’est pas de falsifier la réalité : « Les films de Watkins ne trompent que provisoirement pour mieux alerter et nous détromper (…) quant à l’histoire et quant à la fausse évidence audiovisuelle ».³François Niney, « Edvard Munch ou l’anti-biopic » in L’Insurrection médiatique : Médias, histoire, et documentaire dans le cinéma de Peter Watkins sous la direction de Sébastien Denis et Jean-Pierre Bertin-Maghit, Presses Universitaires de Bordeaux, collection Cinéma(s), 2010, pp 125-136.

Munch n’en reste pas moins un portrait du peintre et de son oeuvre : ses journaux ont nourri le scénario, son obsession pour le bleu et la composition de l’image imprègnent le film « dans une ambiance aussi fiévreuse que sensuelle »⁴Entretien avec P. Watkins, par Antoine de Baecque, next.liberation.fr, 2.02.05. . Il a été salué comme l’un des plus beaux hommages à un peintre, en témoigne la formule qu’ Ingmar Bergman utilise pour parler du Munch : « Un OVNI et un chef d’oeuvre ».⁵François Niney, « Edvard Munch ou l’anti-biopic » in L’Insurrection médiatique : Médias, histoire, et documentaire dans le cinéma de Peter Watkins sous la direction de Sébastien Denis et Jean-Pierre Bertin-Maghit, Presses Universitaires de Bordeaux, collection Cinéma(s), 2010, pp 125-136.

Fanny Hivert

• 1
  Entretien avec Peter Watkins, par Thierry Méranger le 23 décembre 2004, Cahiers du Cinéma, n° 598 février 2005, pp. 82 à 86.
• 2
  Ibid.
• 3
  François Niney, « Edvard Munch ou l’anti-biopic » in L’Insurrection médiatique : Médias, histoire, et documentaire dans le cinéma de Peter Watkins sous la direction de Sébastien Denis et Jean-Pierre Bertin-Maghit, Presses Universitaires de Bordeaux, collection Cinéma(s), 2010, pp 125-136.
• 4
  Entretien avec P. Watkins, par Antoine de Baecque, next.liberation.fr, 2.02.05.
• 5
  François Niney, « Edvard Munch ou l’anti-biopic » in L’Insurrection médiatique : Médias, histoire, et documentaire dans le cinéma de Peter Watkins sous la direction de Sébastien Denis et Jean-Pierre Bertin-Maghit, Presses Universitaires de Bordeaux, collection Cinéma(s), 2010, pp 125-136.