Toute la mémoire du monde | |
1956 – France | |
21′ – N&B | |
Réalisation | Alain Resnais |
Auteur du commentaire | Rémo Forlani |
Musique | Maurice Jarre |
Image | Ghislain Cloquet |
Fahrenheit 451 | |
1966 – Grande Bretagne | |
112' – 1,66:1 - Couleur - Mono - 35mm | |
Réalisation | François Truffaut |
Scénario | François Truffaut et Jean-Louis Richard d’après le roman de Ray Musique : Bernard Herrmann |
Musique | Bernard Herrmann |
Image | Nicholas Roeg |
Avec | Julie Christie, Oskar Werner, Cyril Cusack, Anton Diffring, Jeremy Spenser... |
Fiche IMDB | http://www.imdb.com/title/tt0060390 |
Projection Cinéclub | 28/11/2012 à 12h45 |
Film documentaire réalisé par Alain Resnais en 1956, Toute la mémoire du monde s’inscrit dans une lignée de courts métrages de commande développée sur près dix ans en parallèle à une production de longs métrages de fiction. Malgré une esthétique travaillée récompensée lors du festival de Cannes, ce film rencontre des difficultés de réception qui gênent son exploitation en salle. Commandée par la Bibliothèque Nationale de France, cette dernière conteste un traitement énigmatique de l’espace nuisant à l’humanisation de l’institution. Cependant c’est surtout la réserve du public qui ampute l’œuvre d’une partie de son propos reléguant la version complète au cercle plus confidentiel des cinéclubs et du circuit scolaire.
Développé autour des thématiques de la mémoire et du temps, sujets récurrents du cinéaste, Toute la mémoire du monde infiltre le monde secret de la BNF et suit en partie le trajet de Mars, un livre fictif inscrit au dépôt légal. Évoluant dans un espace carcéral, ce livre-personnage se fait le fragment d’une vaste entreprise de conservation, de préservation des vestiges de notre civilisation. « La mémoire collective n’existe pas sui generis : elle se constitue dans une lutte avec la matérialité des traces et des signes »1CAROU Alain, « Les souterrains de Xanadu », Revue de la Bibliothèque nationale de France, n°27, 2007, p.50. et chaque livre construit un pan de la mémoire humaine.
Ainsi, le film de Resnais apparait comme une réflexion sur la disparition de la mémoire et de la connaissance. Face à la destruction imminente du savoir, tous les ouvrages doivent être sauvés sans distinction de qualité. La mise en scène de Resnais érige donc un temple mystérieux fonctionnant comme un cerveau chargé d’organiser la mémoire du monde puisque « l’ombre d’un désastre gît dans ces tréfonds: celui d’une mémoire proliférante, incontrôlée, indéchiffrable, aussi terrible que l’amnésie. »2Idem.
Cette considération n’est pas absente de l’oeuvre cinématographique de François Truffaut qui entretient avec l’écrit une relation singulière. Il la développe dans une adaptation de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury (1953) présenté en 1966 au festival de Venise. Malgré une réception critique mitigée, le cinéaste y mène une réflexion ambitieuse sur la disparition de la connaissance universelle en nous plongeant dans un futur indéterminé au coeur d’une société totalitaire où il est interdit de lire ou de posséder des livres.
Cette connaissance menacée par l’oubli devient chez Truffaut une entreprise politique menée par un gouvernement répressif, bien qu’il réfute une volonté idéologique : « Fahrenheit ne sera pas un film de propagande mais seulement un film sur les livres. »3TRUFFAUT François, La Nuit américaine, scénario du film, suivi de : journal de tournage de Fahrenheit 451, Paris, Seghers, 1974, p.163. L’oeuvre baignée de références à la Seconde Guerre mondiale montre un univers militarisé et violent. La sauvegarde du livre prend l’apparence d’un acte militant obligeant à la ruse et la prise de risque : « le scénario de Fahrenheit a été écrit en pensant constamment à la Résistance et à l’Occupation. »4Idem. p.184 Les livres sont cachés, dissimulés dans les endroits les plus incongrus. Loin d’adopter une vision optimisme sur l’avenir d’une connaissance matérialisée, Truffaut imagine l’abandon du support papier pour revenir à une forme orale incarnée par les hommes-livres sauvegardant les traces de notre civilisation.
Au contraire, Resnais garde un oeil plein d’espoir et, par la puissance du montage, superpose les strates temporelles pour achever le film sur une salle de lecture où une nouvelle génération de lecteurs balaie le passé et « assis devant leurs morceaux de mémoire universelle » est occupée à mettre « bout à bout les fragments d’un même secret, qui a peut-être un très beau nom. Qui s’appelle…. Le bonheur. »5Extrait de Toute la mémoire du monde d’Alain Resnais.
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