Vestige of Life / Sink or Swim / Vinil Verde / Passage à l’acte

figures de famille

Une jeune fille décrit dans Sink or Swim les événements qui vont plus tard forger sa conception de la parentalité, des relations familiales, de l’éducation, du rapport au travail… Le récit se déploie sur vingt-six paragraphes, qui sont autant de moments saillants, heureux ou traumatiques, de l’enfance de la réalisatrice Sue Friedrich. Se faisant un double portrait finit par émerger : celui d’une petite fille vivante et à la forte imagination et, surtout, celui d’un père apparemment aimant mais ambivalent et maltraitant. La figure du père, admirée mais énigmatique et absente, est en creux le vrai sujet du film. L’enfant, puis progressivement la jeune femme, cherche tout au long du film à en dessiner les contours, et à entre-tisser les souvenirs fragiles de cet amour insatisfait et brisé. Au delà, le film est aussi le récit d’une émancipation. Il cristallise la fin d’une quête impossible, qu’il s’agisse de résoudre l’énigme de l’abandon dont l’auteure a fait l’objet ou le retour de l’amour dans le regard d’un père disparu.

Une autre petite fille est au cœur de Vinil Verde. Cette courte fiction décrit la magie parfois monstrueuse de l’univers enfantin, qui s’articule ici autour d’une mystérieuse collection de disques vinyls. Il y est question d’un désir, irrépressible ; et l’intense frustration qui monte rend bientôt inéluctable une désobéissance, dont on ne pouvait imaginer la cruauté.

Maki Satake réussit dans Vestige of Life par de multiples prouesses techniques et graphiques à faire revenir, dans l’espace aujourd’hui déserté de la maison familiale, différents moments heureux des membres de sa famille. C’est dans cette maison encore habitée de nombreux souvenirs qu’elle dresse le portrait de ses grands-parents.

Enfin, Passage à l’acte présente une image synthétique et impitoyable du noyau familial, ici réunit dans un même cadre, à l’occasion du déjeuner. Cette séquence originellement courte et indolente et la représentation convenue que livre le cinéma hollywoodien de ce moment privilégié de la famille, deviennent dans les mains de Martin Arnold une longue, féroce et spasmodique agonie.