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Une fable de jadis

Quand je serai grand…

À un âge où certain.e.s pensent avant tout à s’amuser et à jouir pleinement de leur jeunesse, d’autres sont victimes du bon vouloir de leurs parents. Qu’il s’agisse de travail infantile ou de mariage forcé, la construction sociale de l’enfant varie drastiquement d’un pays à un autre, et d’une époque à une autre.

Dans un village reculé d’Albanie, où le mode de vie traditionnel est régi par le patriarcat, un couple fortuné décide de marier leur très jeune fils Gjino, dans le but d’obtenir une main d’oeuvre gratuite et docile. Marigo, la malheureuse élue, éperdument amoureuse d’un autre, va tout faire pour mettre à mal cette union et se venger du tort qu’on lui a infligé.

Dix-septième film du réalisateur albanais Dhimiter Anagnosti, Une fable de jadis voit le jour en 1987, dans l’unique studio de production d’État, pendant les dernières années du régime communiste. Cinéaste engagé et très souvent censuré, devenu plus tard homme politique, Dhimiter Anagnosti aborde ici le sujet des mariages forcés. Il adapte une pièce comique d’Andon-Zako Çajupi qui met en scène cette “tradition” encore très présente à cette époque dans les villages traditionnels des Balkans.

S’il est présenté comme un jeune adolescent, l’interprète de Gjino a en réalité 11 ans lors du tournage, creusant ainsi le décalage certain entre son personnage et celui de son épouse de 7 ans son aînée. Sur un ton toujours sarcastique à l’instar du cinéma albanais conservateur de la décennie précédente, Une fable de jadis questionne l’absurdité des mariages arrangés en tournant au ridicule la toute puissante autorité parentale. Le jeune Gjino a beau essayer d’imiter les adultes et de grandir trop vite, c’est justement en s’opposant aux règles établies qu’il gagne en maturité. Entre violences patriarcales et désillusions face au monde hostile des adultes, Une Fable de jadis réussit le pari de critiquer la famille comme système d’oppression réduisant l’enfant à une plus value économique, sociale et utilitaire. Alors que d’autres cinéastes ont choisi le genre du drame pour évoquer ces problématiques, Dhimiter Anagnosti adopte ici un parti pris comique plus léger mais tout aussi impactant.

Jeanne Mallard

 

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