Los Muertos
Les années 2000 témoignent elles aussi de la résistance de quelques cinéastes opposés au modèle hollywoodien et à l’industrie du divertissement. À l’heure de la surenchère cinématographique, quelques films surprennent par leur sobriété : « moins d’histoire, moins de scénario, moins de récit, moins de parole, moins de musique, moins de décors, des personnages moins définis, moins de rythme effréné, moins de plans… Le spectateur est en quelque sorte sevré de ses habituels repères mais se retrouve, en contrepartie, responsabilisé »11 Fiant Antony, Pour un cinéma contemporain soustractif, Paris, Presses Universitaires de Vincennes, collection « Esthétiques hors cadre », 2014.
Cette définition de « cinéma de la soustraction », encore appelé « cinéma a minima », convient à celui de l’argentin Lisandro Alonso et à son film Los Muertos. Un homme sort de prison et traverse la jungle en pirogue pour retrouver sa fille. Cette ligne directrice du récit accompagne le personnage et le spectateur tout au long du film, sans jamais déborder, se développer ou dévier de son but. Le film est une invitation à réfléchir sur la force énergétique du cinéma lorsqu’elle ne s’inscrit pas dans les codes traditionnels de la narration.
Le film ne rencontre que peu de succès à sa sortie en Argentine mais sa nomination au Festival de Cannes tout comme le précèdent film du cinéaste lui offre une meilleure visibilité en France.
Maria Quiceno
- 11 Fiant Antony, Pour un cinéma contemporain soustractif, Paris, Presses Universitaires de Vincennes, collection « Esthétiques hors cadre », 2014