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Ivanovo detstvo
1962 — Russie (URSS)
95' — 1.37:1 - N&B - Mono
RéalisationAndreï Tarkovski
ScénarioMikhail Papava, Vladimir Bogomolov d’après l'oeuvre originale de Vladimir Bogomolov
MusiqueVyacheslav Ovchinnikov
ImageVadim Yusov
AvecNikolaï Bourliaïev, Valentin Zoubkov, Evgueni Jarikov, Stepan Krylov, Nikolaï Grinko, Valentina Malyavina, Irma Tarkovskaïa, Andreï Kontchalovski…
Fiche IMDBhttps://www.imdb.com/title/tt0056111/
Projection Cinéclub05/02/2025

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L’Enfance d’Ivan

l’enfance en guerre

Les yeux écarquillés d’Ivan balayent de part et d’autre une toile d’araignée figée dans un arbre, emprisonnant son visage enfantin. À elles seules ces images du premier film d’Andreï Tarkovski retranscrivent la figure d’un anti-héros dont les espoirs et rêves ne peuvent à jamais qu’exister dans un autre monde, loin de la guerre, loin du régime soviétique, à l’image de son réalisateur.

L’Enfance d’Ivan retrace, l’itinérance d’un enfant de 12 ans, enrôlé comme éclaireur dans le service des renseignements de l’armée russe durant la Seconde Guerre Mondiale. Le film a pu voir le jour en Russie, à la faveur d’une période relativement favorable au renouveau cinématographique et à la liberté d’expression, « la période du Dégel ». Les cinéastes peuvent alors présenter des personnages sensibles et conscients, comme Ivan, de leur individualité.

Plus rien chez Ivan n’évoque véritablement l’enfance. Cette période de la vie est dans le contexte du film une notion amputée, une existence où l’innocence est perdue à jamais. Elle est exclusivement évoquée au travers de séquences oniriques (quasiment absentes du réalisme socialiste) dans lesquelles le personnage se réfugie.

Le film reflète cette dualité en confrontant le spectateur à la réalité crue de la guerre et les souvenirs du protagoniste. Ivan apparaît ainsi comme un être double, traumatisé et en proie à la schizophrénie. Il n’est ni un héros ni une victime, mais plutôt un être mutilé, à l’image du jeune Fliora, témoins de l’horreur d’un monde qui dépasse les adultes dans Requiem pour un massacre. Pour Ivan, la guerre n’est ni un jeu ni un cauchemar à fuir ; elle est sa vie. Le film soulève ainsi une ambiguïté quant à la nature même d’Ivan : incarne-t-il une forme de pureté face à des adultes corrompus par la guerre, ou bien une innocence perdue, complice inconscient des horreurs de son époque ? Monstre ou martyr ? Pour Sartre : « […] tous les soldats sont fous; ce monstre enfant est un témoignage objectif de leur folie parce que c’est lui le plus fou […] »1Sartre, Jean-Paul, L’Enfance d’Ivan, Lettres destiné à Alicata, à propos d’un article de l’Unità consacré au film soviétique L’Enfance d’Ivan, l’Unità, 9 octobre 1963..

Sophie Jourdain
L’Enfance d’Ivan Bande-annonce (RU)

 

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    Sartre, Jean-Paul, L’Enfance d’Ivan, Lettres destiné à Alicata, à propos d’un article de l’Unità consacré au film soviétique L’Enfance d’Ivan, l’Unità, 9 octobre 1963.
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