J’ai huit ans / L’Enfant aveugle / Herman Slobbe, l’enfant aveugle 2 / Beppie

paroles enfouies

Comment recevoir les expressions des enfants ? En quoi la perception adulte du monde ravive-t-elle celle de l’enfant ?
Dans un monde où l’enfance est souvent masquée par les perceptions adultes, les films de cette séance nous permettent de soulever l’épais rideau des perspectives raisonnables pour nous faire découvrir les paroles enfouies de l’enfance. Les œuvres de Johan van der Keuken, Beppie, L’Enfant aveugle et L’Enfant aveugle II montrent la diversité de cette période de la vie, à travers une caméra d’une grande vitalité, en mouvement à leur hauteur, et par des techniques de montage fragmenté, disruptif, révélant les changements continus du monde enfantin. En contraste, J’ai 8 ans, réalisé par Yann Le Masson et Olga Poliakoff évoque l’impact que la guerre a sur eux, par des images statiques et la présence de leurs dessins.

Ces cinéastes ne se contentent pas d’étendre notre perception de l’enfance, ils nous invitent également à réfléchir à la manière dont la société traite ses membres les plus vulnérables. Ils nous engagent à reconnaître l’authenticité et la finesse de leurs points de vue, nous incitant à repenser notre manière de leur répondre.

Au travers des regards de ces cinéastes, nous découvrons leur perception du monde, l’interprétation unique, sensible et clairvoyante qu’ils en font, et qui défient souvent nos perspectives convenues. Ces observations cinématographiques trouvent parfois un écho dans les films de Claire Simon et Amir Naderi. Comme dans Récréations et Harmonica, les interactions et les jeux d’enfants ne sont pas de simples activités de divertissement. Ils sont le reflet de dynamiques sociales complexes, miroirs de la société qui révèlent et parfois contestent les rôles sociaux et les structures du pouvoir. Ces films nous rappellent l’importance d’écouter et de valoriser les réflexions enfantines, qui offrent souvent une perspicacité précieuse permettant de nous repenser. Nous avons beaucoup à apprendre de leur expérience du monde.

Lifei Chen